La France injecte 1,8 milliard d’euros dans un projet de mine de lithium pour assurer sa souveraineté

Le gouvernement français a réaffirmé son soutien stratégique au projet d’exploitation de lithium d’Imerys à Échassières (Allier). Le ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, a annoncé une aide de 200 millions d’euros sous forme de crédit d’impôt pour ce projet colossal, dont le coût total a été réévalué à 1,8 milliard d’euros, visant à sécuriser l’approvisionnement du pays pour la fabrication de batteries électriques.

Un soutien financier stratégique de l’État

Lors d’une visite sur le site de la future mine ce lundi, le ministre a confirmé que l’entreprise Imerys bénéficierait du « crédit d’impôt industrie verte », un dispositif mis en place en 2023. « Cette aide s’élèvera à environ 200 millions d’euros », a-t-il précisé. Ce soutien public intervient alors que le budget du projet, initialement estimé à un milliard d’euros, a été porté à 1,8 milliard. Selon Alan Parte, directeur des projets lithium chez Imerys, cette augmentation s’explique par l’inflation, mais aussi par des « investissements destinés à réduire les impacts environnementaux et sociaux ».

Le projet, baptisé « Emili », ambitionne de produire 34 000 tonnes d’hydroxyde de lithium par an, de quoi équiper environ 700 000 véhicules électriques et couvrir ainsi « un tiers des besoins » de la France, selon l’entourage du ministre.

L’objectif : une filière industrielle de la batterie

Cette initiative s’inscrit dans une politique plus large visant à « réduire notre dépendance à un certain nombre de matériaux et minerais critiques », a expliqué Marc Ferracci. « L’objectif est de constituer une filière industrielle complète autour de la batterie, avec des débouchés évidents dans le véhicule électrique, mais pas uniquement », a-t-il ajouté, citant également le secteur de la défense.

Le soutien de l’État ne se limite pas à l’aspect financier. « Il s’agit aussi d’un accompagnement en matière d’autorisations et de facilitation », a souligné le ministre, faisant référence aux décrets modifiant le code minier récemment adoptés. Face aux préoccupations locales, il a insisté sur l’importance de « l’acceptabilité des projets », un enjeu majeur pour le gouvernement.

Le capital-investissement au service de l’industrie

Bien que ce projet bénéficie d’une aide publique directe, sa logique s’apparente à celle du capital-investissement (ou private equity). Ce type de financement consiste à investir dans des sociétés non cotées en bourse pour accélérer leur développement, optimiser leur structure et, à terme, générer une plus-value stratégique ou financière. Les fonds de capital-investissement, qu’ils soient spécialisés en capital-innovation pour les jeunes entreprises technologiques ou en capital-transmission (buyout) pour des sociétés établies, mobilisent des capitaux sur le long terme (cinq à dix ans) pour des projets à fort potentiel.

Dans le cas d’Imerys, l’État agit comme un investisseur stratégique, misant sur une infrastructure clé pour la souveraineté industrielle du pays. Les acteurs traditionnels du capital-investissement, tels que les fonds institutionnels (banques, assurances) ou privés, interviennent fréquemment dans des opérations industrielles de grande envergure, mais l’implication directe de l’État souligne ici le caractère vital du projet pour l’économie nationale.

Un calendrier ajusté face aux défis environnementaux

Le projet « Emili » n’est pas sans susciter des oppositions. Fin juillet, une manifestation a rassemblé entre 200 et 300 personnes dénonçant l’impact environnemental de la future mine, notamment sa consommation d’eau. Imerys se veut rassurant, affirmant que le projet sera l’un des « moins consommateurs d’eau au monde » dans sa catégorie.

L’entreprise attend désormais le permis de construire pour son usine pilote « dans les prochaines semaines », avec un début des travaux prévu pour 2026. En conséquence, le calendrier global a été ajusté : la mise en service de la mine, initialement prévue pour 2028, est désormais reportée à 2030.