Le monde des parcs zoologiques s’apprête à vivre une année charnière, marquée par des initiatives immersives audacieuses et des succès cruciaux pour la conservation des espèces menacées. Si l’Île-de-France renforce son offre de dépaysement avec une approche éthique de la faune sud-américaine, outre-Atlantique, c’est une naissance historique qui tient les scientifiques en haleine.
Un coin d’Amazonie aux portes de Paris
À Crécy-la-Chapelle, en Seine-et-Marne, le Parrot World s’apprête à rouvrir ses portes pour les vacances de février 2025, promettant une immersion totale au cœur de la biodiversité. Inauguré en août 2020, ce parc singulier s’est donné pour mission de transporter les visiteurs en Amérique du Sud sans quitter la région de la Brie. L’attraction phare demeure sans conteste l’une des plus vastes volières d’Europe, où une myriade d’oiseaux colorés — aras, amazones, conures et ibis — évoluent en semi-liberté. Au sol, la cohabitation est tout aussi fascinante : les capybaras partagent paisiblement leur territoire avec les flamants roses, tandis que les manchots de Humboldt ont pris leurs quartiers dans un enclos aux dimensions records, conçu pour favoriser leur reproduction grâce à des nichoirs adaptés.
Loin des spectacles de dressage d’antan, le parc insiste sur une approche pédagogique et respectueuse. Ici, point de numéros de cirque ; l’observation prime. Pour ceux souhaitant prolonger l’expérience, des lodges permettent de passer la nuit au plus près de la faune, dont deux offrent une vue imprenable sur les jaguars, maîtres des lieux. L’immersion peut même devenir participative : le temps d’une demi-journée, les visiteurs ont l’opportunité de se glisser dans la peau d’un soigneur, découvrant l’envers du décor et les exigences du bien-être animal.
Carnet rose et nouveaux pensionnaires en Île-de-France
La saison 2025 s’annonce riche en nouveautés pour le site francilien. Les derniers mois ont vu la famille s’agrandir avec des naissances notables, dont celle de Prune, un bébé alpaga femelle, mais aussi l’arrivée de pécaris du Chaco, de furets et de wallabies de Bennett. La diversité des espèces continuera de s’étoffer au printemps, puisque des vaches Highland, reconnaissables à leurs longs poils, ainsi qu’une soixantaine de perroquets Gris du Gabon rejoindront les effectifs vers la mi-avril. À l’extérieur, les nandous profitent déjà des étendues herbeuses, complétant ce tableau vivant où chaque espèce joue un rôle d’ambassadeur pour son milieu naturel.
Une grossesse historique au zoo de Washington
Tandis que la vie bat son plein en Seine-et-Marne, une attente fébrile règne de l’autre côté de l’océan, au Smithsonian’s National Zoo de Washington, D.C. Pour la première fois depuis près d’un quart de siècle, l’institution se prépare à accueillir un éléphanteau d’Asie, une nouvelle capitale pour cette espèce en danger critique d’extinction, dont la population mondiale est passée sous la barre des 50 000 individus. Les équipes vétérinaires surveillent de très près Nhi Linh, une femelle de 12 ans, inséminée en avril 2024 par Spike, un mâle de 44 ans.
L’issue de cette grossesse, qui dure en moyenne entre 18 et 22 mois, est espérée entre la mi-janvier et le début du mois de mars de l’année prochaine. L’optimisme est de mise, bien que teinté de prudence, au sein de l’Institut de biologie de la conservation. Brandie Smith, la directrice, voit en cet événement un véritable espoir pour l’avenir de l’espèce, soulignant le charisme naturel des éléphanteaux pour sensibiliser le public à la cause animale. Les curieux du monde entier pourront d’ailleurs suivre l’évolution du troupeau via une « Elephant Cam » diffusée sur le site du zoo.
La science au service de la diversité génétique
Cet événement ne relève pas du hasard, mais d’une planification scientifique rigoureuse orchestrée par le Plan de survie des espèces (SSP) de l’Association des zoos et aquariums. En 2022, les experts ont recommandé l’accouplement de Spike et Nhi Linh après une analyse minutieuse de leur lignée génétique, de leur santé et de leur tempérament. L’objectif est crucial : assurer une diversité génétique robuste au sein des populations en captivité.
Le parcours des futurs parents illustre la complexité de ces échanges internationaux. Spike est arrivé de Floride en 2018, tandis que Nhi Linh et sa mère proviennent du zoo de Rotterdam, aux Pays-Bas. Bien que Spike ait déjà engendré par le passé, aucun de ses petits n’avait survécu, et c’est la toute première grossesse pour la jeune femelle. Leurs gènes étant actuellement peu représentés dans les zoos, ce petit à naître jouera un rôle déterminant pour le brassage génétique des éléphants d’Asie en Amérique du Nord.
Les soigneurs décrivent Nhi Linh comme une personnalité fougueuse, curieuse et courageuse, qui contraste avec l’attitude décontractée et « gentleman » de Spike. L’équipe attend désormais avec impatience de voir comment le futur nouveau-né s’intégrera au sein de ce troupeau multigénérationnel complexe, où les liens sociaux sont connus pour être d’une richesse et d’une sensibilité exceptionnelles.