Cela faisait quelques centaines d'années qu'ils attendaient au fond de l'océan et ce sont certainement les tempêtes de cet hiver qui ont permis à Jean-François Frelaut « d'inventer » ces deux canons en bronze dont il va falloir désormais résoudre l'énigme...
C'est au cours d'une chasse sous-marine en apnée que le plongeur a découvert ces deux canons par seulement 10 mètres de fond dans le nord-ouest de l'île. Alors qu'il est interdit de ramasser des objets trouvés au fond de la mer, Annabelle Chauviteau du service patrimoine de la Mairie a souligné l'attitude du plongeur : « L'inventeur a très bien réagi après cette découverte, car il a prévenu les services de l'État. Il faut savoir que le patrimoine sous matin français est propriété de l'État et que les personnes qui récupèrent des objets peuvent être poursuivi pénalement. Le DRASSM (département des recherches archéologiques subaquatiques et sous marine), basé a Marseille, a alors dépêché une équipe afin d'expertiser le site et faire un sondage autour des canons pour déceler des traces d'épave. Le sondage n'a rien révélé car le site est principalement composé de roches qui ne permettent pas une conservation pérenne d'épave ou d'objets. Le DRASSM a alors décidé de remonter les canons car ces petites pièces d'artillerie, seulement 1,08 m de longueur, sont des proies faciles pour les pilleurs d'épave... ».
Vers une exposition sur l'île
La remontée des canons a donc eu lieu lundi 18 août après-midi avec l'aide de trois chargées de mission du DRASSM, de Franck Leloire et Sébastien Semelin membres de l'association islaise de plongée sous marine ANGES, et le soutien logistique de la Mairie de l'île d'Yeu. Deux bénévoles de la SNSM, Marc Ricolleau, le président, et son fils sont également venu en renfort sécurité avec leur zodiac. Les canons ont ensuite passé la nuit à la gendarmerie locale avant d'être transporté le lendemain midi jusqu'à Nantes. Leur restauration dans le laboratoire Arc' Antique devrait durer entre un et trois ans... Il sera alors temps pour les canons de revenir sur l'île de leur naufrage où ils seront exposés dans un lieu qui reste évidemment à déterminer. Quant à connaître leur origine, Annabelle Chauviteau ne peut dresser que quelques pistes : « ce type de pièce d'artillerie est plutôt rare, essentiellement fondue au cours du 17e siècle. À l’époque, seul un canon sur sept était en bronze, surtout utilisé comme pièce d'apparat. Des blasons sont légèrement visibles, la restauration va sans doute permettre de mieux les observer et l'enquête pourra alors commencer. Où ont-ils été fondus? Et surtout sur quel navire se trouvaient-ils ? »
Des couleuvrines portugaises ?
Une énigme passionnante pour les archéologues et plongeurs de l'île qui débattent déjà de l'époque de ces canons. L'hypothèse de Bernard de Maisonneuve est intéressante. Ce féru de recherches sous-marines se souvient d'abord que la zone où les canons ont été trouvés « a déjà fait l'objet d'une fouille archéologique sur une épave de 1784, le Conseil de Flandres ». Concernant les armes elles-mêmes, « il semblerait que ce soit deux couleuvrines, armes légères, moins de 70 kg, montées sur pivot. Leur forme permet d'avancer qu'elles sont portugaises vers les années 1500/1550. Le blason, que je n'ai pu voir, permettrait de savoir si c'est sous le règne du roi de Portugal, Manuel 1er ou Jean 3... » Affaire à suivre !
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